Vanessa Heydorff, Booking.com, Philippe Mettey, The Ascott Limited, Ziad Minkara, CDS Groupe et Vanguélis Panayotis, MKG Consulting étaient réunis autour de François-Xavier Izenic pour échanger sur les tendances 2024 pour le tourisme d’affaires. RSE, taxe de séjour, inflation, distribution… retour sur ce moment de partage.
Retour sur l’année 2023 :
2023 a été une année marquée par une forte inflation des prestation voyages. Le marché hôtelier français offre actuellement 628 000 chambres hôtelières et 16 000 nouvelles ouvriront à l’horizon 2026.
Vanguélis Panayotis : « Dans certaines des villes évoquées, les hausses sont liées à la Coupe du Monde de Rugby. Par ailleurs nous sommes dans une phase de rebond. Enfin le coût de production du service a augmenté, ce qui se répercute sur les prix. »
Ziad Minkara : « Il y a eu un effet rattrapage ainsi que le retour de la clientèle internationale. Cela impacte le taux d’occupation des hôteliers et donc les prix.
Quelle que soit la ville en France, les JOP 2024 ont un effet haussier sur les tarifs. La remise aux normes, le manque de personnel etc… nécessitent une réévaluation de ces coûts. »
Philippe Mettey : « Chez The Ascott Limited nous avons une démarche de fidélité à notre clientèle. Historiquement pendant le Covid, nous avions annulé des groupes sans frais. Pour défendre nos intérêts et ceux de nos clients en 2020 et 2021 nous n’avions pas augmenté les prix malgré l’inflation.
Nous faisons tout pour préserver notre relation avec la clientèle loisirs et corporate. L’augmentation sur les clients corporates est inférieure car il y a eu des négociations. Il est important pour nous de préserver l’équilibre loisirs/corporate pour la santé de notre activité. »
Vanessa Heydorff : « 2023 a été une année très riche avec une croissance élevée pour Booking.com. Beaucoup sur le loisir et aussi sur le business. Pour le T4 nous prévoyons une hausse de 9% des réservations. Nous voyons une forte hausse des voyageurs internationaux.
Nous proposons une offre multiple en voyages connectés pour les clients loisirs et affaires qui rencontre du succès. »
Quelles marges de manœuvre dans la négociation pour les travel managers ?
Ziad Minkara : « L’hôtellerie dans le business travel est le secteur qui s’est le mieux structuré ces dernières années. Aujourd’hui il n’y a plus cette possibilité d’être multicanal et de comparer. Aujourd’hui, l’élément comparatif est de dire j’ai trouvé ce tarif sur Booking.com, puis-je trouver moins cher ailleurs ? Il y a encore aujourd’hui des leviers pour agir sur les tarifs. Côté hôtelier on peut agir sur la négociation, ce qui peut prendre du temps, ou ouvrir à la réservation en best price et les acheteurs sont responsables.
Nous revenons à des niveaux de transactions d’avant crise avec l’inflation.
A partir du moment où les process sont mis en place, vous savez que vous pouvez générer des économies de 7 à 10% modulo l’inflation. »
Vanguélis Panayotis : « La clientèle américaine qui vient à Paris ne sent pas l’inflation.
Il y a un réel effet de normalisation. L’industrie avait une marge de manœuvre à rattraper sur les prix mais aussi sur les salaires. A côté de ça il y a des efforts importants d’investissement. Depuis une dizaine d’années, il y a un niveau de qualité dans les produits qui est parmi les meilleurs au monde. »
Philippe Mettey : « Une grande partie de notre clientèle corporate reste sur des tarifs contractés et encadrés.
Nous investissons beaucoup, avec un engagement d’investissement sur le portefeuille européen The Ascott. Nous avons aussi revu toute notre offre petit déjeuner. Nous faisons évoluer nos offres pour répondre à la recherche de flexibilité de la part des clientèles. »
L’activité tourisme d’affaire à Paris versus les autres métropoles européennes
Vanguélis Panayotis : « Il y a aujourd’hui une nécessité de se rencontrer, de créer du lien. Sur la partie affaires, il faut remplir les carnets de commandes. Les déplacements rebondissent très bien. La clientèle affaires rebondit grâce à de très belles villes de congrès et l’attractivité de la France pour les investissements hôteliers. »
Vanessa Heydorff : « Paris et la France génèrent de nombreuses recherches depuis les USA et le Brésil, plus 300%. L’international fait de nombreuses recherches pour la France et Paris. »
Focus sur les prix dans le contexte des JOP 2024
Ziad Minkara : « Les prix et durées de séjours se stabilisent. L’été 2024 a été identifié comme une période de travel crise pour l’Îe-de-France et Paris pas à cause des tarifs ou du remplissage hôtelier mais plutôt pur des raisons de logistique. Les travel managers vont donc reporter les déplacements à d’autres mois qui sont déjà très chargés.
Maintenant l’entreprise peut s’engager sur des volumes afin d’obtenir des tarifs linéaires. Beaucoup d’entreprises sont encore sur des tarifs en floating.
A Paris l’impact de l’augmentation de la taxe de séjour est immédiat. En 2024 nous prévoyons une inflation à 5%. »
Vanguélis Panayotis : « Il y aura des contrastes avec les destinations qui accueillent des épreuves ou non. A cela s’ajoutent les gammes d’hébergement. C’est notre objectif avec ce baromètre, de créer un bon thermomètre.
Pour les JOP 2024, de mon point de vue Paris a un potentiel d’attractivité différent de celui de Londres et 2012 n’est pas 2024. Reste à savoir comment les travel managers navigueront dans cette période. »
Philippe Mettey : « Début juillet nous ne voyons pas de forte augmentation dans les prix. Les changements de tarifs se voient plutôt à partir du 14 juillet.
Nous avons une démarche très proactive auprès de nos clients fidèles, nous les avons incités à anticiper leurs actions.
Sur la période des JOP 24 nous demandons des prépaiements pour éviter les annulations de dernière minute. »
Retour sur l’augmentation inédite de la taxe de séjour
Philippe Mettey : « Malheureusement, les hôteliers n’ont pas été entendus. Il y a différentes villes en Europe avec des stratégies différentes. En Allemagne les clients corporates ne paient pas de taxe de séjour par exemple, c’est une démarche qui mérite notre intérêt.
Au moment où nous cherchons à rattraper les coûts inflationnistes, nous ne pourrons absorber cette forte hausse. »
Vanguélis Panayotis : « A Amsterdam, il y a une volonté politique de la ville de réduire le tourisme. Si nos politiques augmentent cette taxe de 200%, quelle est la volonté politique derrière ? Le message est étrange. »
Ziad Minkara : « Il y a un impact qui n’est pas encore visible, un vrai problème opérationnel, cela double les process, factures etc… on subit opérationnellement cette double facture. Et quelle sera la décision des autres villes françaises ? »
Des acheteurs de plus en plus responsables ?
Vanessa Heydorff : « Nous avons réalisé une étude Predict 2024 en 2023, 40% des voyageurs recherchent des hébergements avec une tendance durable. D’une autre de nos études il est ressorti que 63% des hôteliers européens investissent ou souhaitent investir dans une offre plus responsable.
Sur Booking.com, nous avons mis en place un badge établissement durable. C’est une tendance de fond aujourd’hui. »
Ziad Minkara : « Les entreprises s’équipent de parcs de voitures électriques et l’un des premiers critères devient la disponibilité de bornes de recharges. En tant qu’acheteur on veut aussi donner le choix à ses collaborateurs et qu’ils se sentent bien. Il y a aussi la prise en compte des personnes à besoins spécifiques. Il y a aussi la nécessité de reporting ESG. Les avancées sont poussées par le contexte législatif. »
Philippe Mettey : « En tant qu’entreprise, nous avons notre devoir de responsabilité et avons engagé des démarches bien avant le décret tertiaire. Nos établissements disposent de nombreuses certifications. Cela devient une démarche naturelle qui a été anticipée il y a longtemps. C’est déployé sur l’ensemble de nos résidences, dès que l’on peut faire plus, on le fait. »
Vanguélis Panayotis : « En juin 2023 nous avons battu le record du nombre d’avions dans le ciel en simultané. Pour les voyageurs corporates, il y a une nouvelle génération qui veut voyager responsable. Avant s’était différenciant, désormais cela va devenir discriminant. La chaine de valeur doit se mettre au service de cette attente RSE du client. »
Vanessa Heydorff : « Les chaines qui s’investissent dans une offre plus responsable sont celles qui ont compris l’avenir de l’hôtellerie.
Les voyageurs loisirs réservaient plus en amont en 2023 et cette tendance touche désormais les clientèle affaires. »